Turn Loose The MermaidsJe suis née à New York par un 31 Décembre ensoleillé, à très exactement 14h54 de l’après midi. Issue d’une famille recomposée, j’ai un demi frère de 39 ans aujourd’hui que je considère toutefois comme étant entièrement mon grand frère tant on est proches, tous les deux. Puis, j’ai aussi un petit frère, de 27 ans. On est vraiment très soudés tous les trois, je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans eux.
J’étais seulement âgée de deux ans lorsque nous avons emménagés à La Nouvelle Orléans. Je n’en ai pas vu beaucoup, de New York, alors je considère cette jolie ville de Louisiane comme ma ville, celle qui m’a vue grandir et celle dans laquelle je retournerais coûte que coûte. C’est qu’on s’y attache, à force !
Je rentrais à peine à l’école quand j’ai rencontré Eden. Mon Deden. Celui qui est très vite devenu mon meilleur ami, et qui l’est encore aujourd’hui. Nous sommes si inséparables, qu’on est toujours fourrés ensemble quoi qu’il arrive. Un véritable duo de bras cassés, lui et moi ! Quand on est ensemble on ne nous reconnaît plus tellement, tant on se déchaine.
J’ai développé ma passion pour le chant depuis que je suis toute jeune. Je me souviens que je chantais souvent à table, ce qui agaçait mes parents parfois mais faisait rire mon frère. Au début, je n’avais jamais pensé faire carrière dans la chanson, mais finalement, il s’est avéré que mon frère et moi avions le même désir d’épanouir notre passion de la musique.
Song Of MyselfAu lycée, on avait fait passé quelques prospectus avec mon frère faisant la promotion d’un certain groupe nommé Emperor : Ça y est, on l’avait fait ! On avait fondé notre propre groupe de musique. J’étais au chant, lui au clavier. On avait trouvé notre bassiste, nos deux guitaristes et notre batteur. On était au complet !
On a alors commencé à donner quelques concerts par ci et par là, écrire des albums et commencer à se produire un peu de partout. Certes, au début, on n’était pas trop connus, mais c’était quand même plutôt cool !
J’avais dépassé la vingtaine lorsqu’on signa un contrat avec une célèbre maison de disque qui produisait déjà plusieurs groupes de metal. Et c’est là que la grande aventure d’Emperor a commencé ! On se produisait de partout en Louisiane, on avait notre public, puis ça s’est étendu jusqu’aux États Unis pour finir par des tournées mondiales. C’était vraiment génial ! Le rêve ! Plus les années passaient, plus nous devenions connus grâce à notre travail et à nos chansons. D’ailleurs, celles qui font office de « titres » sont surtout là pour embellir et pour présenter mes chansons préférées, celles que j’adore chanter par dessus tout !
Ghost RiverJ’avais 25 ans lorsque Katrina a ravagé notre belle ville. Emperor n’était pas sur place, mais nous étions en tournée en Amérique, et sur le moment nous nous trouvions à San Francisco. Sans plus attendre, on a cherché à prendre des nouvelles de notre famille restée là bas. Plusieurs membres du groupe avaient malheureusement perdu des proches dans cette affreuse catastrophe… Dieu soit loué, nous concernant nos parents n’avaient rien eu. Seul notre petit frère avait été gravement blessé, et il avait été transféré à l’hôpital le plus proche. On a pas attendu plus longtemps, et nous avons été obligés d’abandonner notre tournée pour retourner à La Nouvelle Orléans. Le désastre… La ville avait été dévastée et ça nous a fait grande peine de la voir dans cet état. Plusieurs de nos proches avaient succombés. Amis ou bien simples connaissances… Instantanément je m’étais inquiétée pour Eden, mais j’ai été heureuse de le retrouver sain et sauf. En revanche, son petit ami quant à lui était dans pratiquement le même état que mon petit frère et avait lui aussi été transféré par hélicoptère dans l’hôpital le plus proche. Comme bon nombre de personnes, d’ailleurs…
Nous avons aidé comme on a pu à tout remettre en ordre, ce qui nous a fait faire une longue pause pour Emperor. Une ville dévastée est très longue à reconstruire, mais entre citoyens on savait qu’on pouvait y arriver ! Il suffisait de s’entre aider !
Slow, love, slowIl était temps de reprendre. Lorsque tout fut plus ou moins remit en ordre, Emperor a recommencé à fonctionner. Mais c’est aussi à cette période de ma vie que j’ai commencé à me sentir horriblement seule. Pourtant, je ne l’étais pas : J’avais mes frères, mes parents, Eden, mes amis… Mais parmi eux, j’étais l’intruse. Car le problème de ma solitude est bien là, à cause d’eux : Tous vivaient désormais à deux. Je suis quelqu’un de très fleur bleue et j’ai toujours envié ces couples, ces films à l’eau de rose, etc… C’est là que j’ai commencé à véritablement complexer sur mon statut de vieille fille. Oh, j’en ai eu, des relations. Mais jamais rien de concluant. Au final, cela ne durait jamais bien longtemps et je me retrouvais toujours larguée du jour au lendemain. J’ai énormément souffert en amour, et aujourd’hui je ne crois plus en rien, si ce n’est peut-être au gros cliché qui n’arrivera jamais, celui du prince charmant. Il faudrait peut-être que je grandisse un peu.
Last Ride Of The DayOn a tous ses petits secrets, n’est-ce pas ? Moi même, j’en ai. Et pas que deux ou trois, croyez moi ! Les secrets, habituellement, on les garde pour nous, mais pas quand on s’appelle Billie Melendez. Laissez moi vous expliquer.
Il y a à peine un mois, j’ai du prendre l’avion seule pour rejoindre La Nouvelle Orléans. Je me suis installée côté hublot, comme à mon habitude. J’aimais vraiment observer la Terre vue du ciel, surtout lorsqu’on survolait les Etats Unis. C’était quelque chose que je trouvais vraiment magnifique. M’enfin. L’avion se remplissait au fur et à mesure, et un homme s’est assis sur le siège à côté du mien. Je lui ai adressé un simple regard, avant de me concentrer sur mon casque audio et la musique que j’écoutais.
Cela faisait plus d’une heure que l’avion volait. Le voyage se passait assez bien, jusqu’au moment où les secousses se firent quelque peu violentes. Aussitôt, j’ai commencé à planter mes ongles dans l’accoudoir du siège. Quelque chose clochait. L’avion était vraiment secoué et aussitôt j’ai retiré mon casque. On traversait une zone de turbulence assez violente, et je sentais l’angoisse monter dans l’appareil… Qui commença à perdre de l’altitude. Et là, panique à bord. On nous suppliait d’être calme, mais pas possible. À ce moment là, j’ai vraiment cru que c’était fini. Qu’on allait tous mourir dans un crash d’avion. Alors je me suis tournée vers mon voisin qui semblait tout autant paniqué, quoi que peut-être un peu moins.
« Okay, vu qu’on va tous crever ça sert à rien que je garde tout ce que j’ai pour moi, faut que quelqu’un sache. » Ouais, j’étais littéralement prête à lui déballer tout ce que j’avais sur le cœur. Enfouis au plus profond de moi même. Après tout, quel intérêt de tout garder alors que lui aussi va mourir ? Il fallait que je vide mon sac. Je ne lui ai même pas laissé le temps d’en placer une, que j’ai tout déballé à la chaine :
« Mon porte bonheur c’est un Pikachu en peluche » et je l’emmène absolument partout, il était d’ailleurs dans mon sac au moment du pseudo-crash,
« je porte toujours des culottes larges parce que c’est plus confortable » j’avais honte, mais c’était vrai même si c’était un énorme tue-l’amour je préférais largement ça plutôt que ces saletés de strings inconfortables,
« je mens souvent sur mes CV pour être sûre d’être prise pour un emploi » une fois j’ai même dit que je savais maitriser un panneau électrique, résultat j’ai faillit mourir électrocutée à plusieurs reprises,
« j’ai couché une fois avec mon meilleur ami » mais c’était il y a longtemps et de un on était complètement bourrés et de deux il est gay donc pas de risque que ça se reproduise,
« j’ai toute une réserve de whisky à la maison et je vais m’asseoir dans la baignoire pour en boire à la bouteille » ça c’est quand je suis au summum de la dépression ultime, et quand je cherche à noyer mon chagrin comme ça je passe pour une vraie fragile, parfait,
« je dors encore avec mes peluches » à 35 ans, ouais parfaitement c’est bien là le seul avantage du célibat,
« j’ai déjà prit de la drogue » mais c’était tellement dégueulasse que j’en ai vomi pendant deux jours,
« quand je suis seule chez moi je mets la musique à fond et je danse dans la salle de bain » que ce soit en pyjama, en sous-vêtements ou même totalement nue parfois,
« L'araignée sur mon épaule s'appelle Elthy et le serpent sur mon bras c'est Verso » oui, j'ai donné des noms à mes tatouages,
« je me parle tout le temps toute seule » mais je n’ai aucun soucis de schizophrénie, rassurez vous. J’allais lui dire à quel point j’étais amoureuse de Kurt Cobain quand j’étais petite, mais je fus coupée dans mon élan par la voix de l’hôtesse nous annonçant que l’appareil s’était stabilisé et avait quitté la zone de fortes turbulences… Pardon ? Alors on va pas mourir ? Oh merde… Le type a toujours ses yeux pointés sur moi. Perplexe, il sourit.
Je crois que jamais j’aurais été aussi déçue et frustrée de ne pas être morte dans la seconde qui aura suivi. L’avion a atterrit en urgence, et je suis instantanément sortie en courant, rouge de honte tout en m’insultant de tous les noms. Ouais, j’avais déballé tout ça à un parfait inconnu, prise de panique. Dès que je fus dehors de l’appareil, j’ai appelé Eden pour qu’il vienne me chercher. On avait atterrit à une heure de La Nouvelle Orléans, ce qui m’arrangeait plutôt beaucoup. J’ai évité du mieux que je pouvais le regard de l’homme à qui j’avais dit les pires trucs ridicules au possible que je cachais en moi, et le temps sembla s’écouler tellement lentement que ça en devenait insupportable. Finalement, dès qu’Eden est arrivé j’ai sauté dans sa bagnole sans attendre. Et je lui ai tout raconté.
I want my tears backUne fois arrivés à la maison, je me suis effondrée sur mon canapé, morte de fatigue mais aussi et surtout de honte. Mon Dieu mais qu’est-ce qui m’avait prit… Je n’en revenais pas de ce que j’avais fait, même si j’étais persuadée qu’on allait tous mourir… J’avais plus qu’à espérer ne plus croiser cet homme.
La vie reprit, et on avait décidé de faire une pause pour Emperor. Toutefois, c’est là que je me suis dit qu’il fallait que je me prenne en main et que je me trouve un boulot pour combler le vide. J’ai envoyé plusieurs CV à divers endroits pour pouvoir trouver un emploi assez vite, et voilà que quelques semaines plus tard j’étais déjà gardienne de nuit dans un musée. Bon c’était pas vraiment l’extase comme boulot, mais c’était assez marrant de se retrouver seule dans un musée rempli de mystères autour des objets exposés. Si bien qu’il m’arrivait parfois de me faire des films et de m’imaginer des histoires dans lesquelles j’étais l’héroïne.. Ouais on s’occupe comme on peut. Puis un jour, j’ai rencontré mon patron. Au début on ne s’était parlés que via mail. Et là je devais avoir un entretien, avec lui. Et bon sang, je ne m’attendais pas à ce que ce cher Mr. Hemingway me soit si familier. J’avais espéré ne jamais le revoir, et quand je l’ai vu apparaître derrière la porte, je n’ai eu qu’une seule envie : Sauter par la fenêtre. C’était lui. C’était le type de l’avion. Je suis instantanément passée par toutes les couleurs, et il a bien vu mon malaise, mais il s’est contenté de sourire. D’après lui, il n’avait absolument rien retenu de ce que je lui avais dit dans l’avion. Ouais c’est ça, il disait juste ça pour me rassurer, rien de plus. Durant l’entretien, il m’a affirmé qu’il m’avait reconnue dans l’avion grâce à ma célébrité, et qu’il avait sauté sur l’occasion lorsqu’il avait reçu mon CV
« même si il est bourré de mensonges » avait-il rajouté avec un petit clin d’œil. Ah ! Je le savais ! Il n’avait rien oublié et il venait de se vendre tout seul !
Génial comme situation, franchement…
The Crow, the Owl and the DoveEncore un nouveau drame qui vient de dévaster La Nouvelle Orléans. J’étais tranquillement chez moi en train de me préparer pour aller bosser lorsque l’immense tempête fit rage. Peut-être que là on allait vraiment mourir ? Ça m’arrangerait, en fait. Vu tout ce que mon patron savait sur moi, je préférais mourir d’un moment à un autre, comme j’aurais du crever lors de ce maudit pseudo-crash d’avion. Mais non, mon immeuble a tenu.
Quand tout s’est calmé, je me suis dépêchée de prendre des nouvelles d’Eden. Il allait bien, parfait, ça me rassurait énormément… Puis en suite, ce fut au tour à mes parents et me frères de prendre de mes nouvelles. Dieu soit loué, eux n’étaient pas sur place. Je les ai donc rassurés, et lorsque tout fut réellement fini je suis sortie pour voir l’étendue des dégâts. C’était horrible… Onze ans de reconstruction partis en fumé. La plupart des bâtiments n’avaient pas tenu, mais certains avaient résistés, étant prévus pour. Les jours qui suivirent, je me suis mise au service de la ville. Aider les rescapés, en premier temps. J’ai aussi appelé au musée, pour savoir comment ça allait là bas. L’espace de quelques secondes, je me suis mise à penser que si Mr. Hemingway avait pu périr, ça m’aurait arrangée. Mais je me suis vite sorti l’idée de la tête, c’est affreux de penser ça ! Puis après tout, il est plutôt gentil. Il a beaucoup de charme, en plus de ça. Mais rêve pas, Billie. Jamais un type ne voudra d’une femme qui dort encore avec ses peluches et qui porte des culottes de grand mère.
Rest Calm