Déjà que j'étais à cran avec ces histoires de fifous au boulot, sans compter sur cette enquête de meurtre concernant ma femme qui ne semblait pas vouloir aboutir, je ne pouvais que difficilement dissimuler mon énervement lorsque j'appris de Kaitlyn que cette dernière était hospitalisée. Ne faisant ni une , ni deux, je décidai de tout laisser en plan afin d'aller la voir et m'enquérir de son état personnellement.

Ayant quitté le commissariat, c'est avec la fougue d'un pilote de formule un que je m'empressai de conduire ma voiture, parmi les rues de la ville, afin d'arriver à destination. Me stationnant, vite fait bien fait, j'entrai dans l'hôpital et exhibant mon badge je demandai ou se trouvait Kaitlyn.

Retrouvant quelque peu mon calme je finis par me diriger vers l'étage ou se trouvait sa chambre et, poussant la porte , je finis par m'approcher d'elle alors que je déposai sur le bord de son lit les fleurs que j'avais acheté à son attention à la boutique de fleurs. Tu sais que tu m'as flanqué une sacrée trouille? Je détestais les hôpitaux et y venir ne pouvait qu'en ajouter une couche.

Je lui adressai un sourire empreint de sobriété lorsqu'elle me remercia pour les fleurs, j'avais beau être un dur je n'en observait pas moins les convenances et je savais que, par moment, un présent aussi anodin soit il pouvait nous aider lors d'une convalescence. Mais de rien. Je me sentis tout drôle lorsqu'elle m'embrassa sur la joue … il faut dire que je n'avais plus trop l'habitude de ce genre de gestes. T'en fais plus avec ça, l'important c'est que tu prennes du mieux. Juste un tout petit peu. Elle avait raison je ne dormais pas beaucoup ces derniers temps mais c'était là un détail que je tentais d'éviter d'aborder. Que je m'inquiète pour elle , ça allait, c'était normal mais accepter le fait que les gens s'inquiètent pour moi ça c'était autre chose.

Je lui fis un sourire, plus qu'amusé, au gré de cette remarque qu'elle me fit selon laquelle elle n'appréciait guère les hôpitaux … c'était là un ressentiment que je ne pouvais que comprendre parfaitement. Tu connais des gens qui aiment ça? Bien entendu ma question se voulait avant toute chose une boutade empreinte d'ironie. Il fallait être vachement taré pour apprécier ce genre d'endroits et Dieu sait que notre monde n'en était pas dépourvu.

C'était gentil à elle de s'inquiéter de mon manque de sommeil mais j'étais dans une bien mauvaise passe et il m'était difficile de fermer l'oeil, je finirai bien par dormir un de ces quatre. C'est gentil à toi de m'en faire la proposition mais ce ne sera pas nécessaire. Bien sur cet échange à propos des cas, assez rares, de gens prétendant aimer séjourner à l'hôpital n'avait pas été sans m'arracher un rare sourire. Peut-être des masochistes. Je me sentais plutôt mal, il faut dire que les hôpitaux avaient le chic pour me sortir de mon élément et c'est alors que la belle blonde me demanda si cela me dirait enfin … sans toutefois terminer sa phrase. Il m'était difficile de pouvoir y répondre puisque je n'avais aucune certitude relativement à ce qu'elle pouvait avoir en tête … le risque de méprise était grand. Est-ce que ça me dirait? Hum je pourrais peut-être davantage répondre à ta question si elle était plus explicite. Après tout il était vrai que je ne savais pas à quoi elle voulait faire allusion valait mieux que je m'en assure plutôt que de lui répondre bêtement et de subitement passer pour le dernier des cons.

Peut être que ce léger malentendu se voulait essentiellement de ma faute, il faut dire que depuis la mort d'Oxanna je m'étais fermé au monde et d'une certaine façon il était probable que cet isolement ne soit pas sans avoir eu un quelconque effet sur ma personnalité. Bien sur. Pourquoi pas? Ce n'était pas que je désirais me montrer froid ou distant, c'était loin d'être le cas, seulement je ne voulais pas aller trop vite en affaire. Et puis avec le métier que je pratiquais , sans compter cette folle propension que je pouvais avoir à me faire des ennemis, la dernière chose que je désirais était de faire souffrir quelqu'un.

Ça peut aller. Je ne désirais pas l'embêter avec ces folles histoires, dont l'enquête sur le meurtre de ma femme et de mes filles qui semblait faire du sur place, il faut dire que niveau boulot c'était loin d'être simple ces derniers temps. C'est plutôt compliqué, j'ai pas un instant à moi mais bon c'est la vie et je vais pas m'en plaindre. Je préférais bosser que de passer mon temps à me morfondre et à pleurer ma vie. Certains noyaient leur chagrin et leur solitude dans l'alcool , moi c'était dans le boulot.