Je n'aimais pas que les gens exercent une pression sur ma personne afin de m'inciter à accepter de bosser pour eux et de toute évidence c'était bien ce qui était entrain de se produire, la situation était telle que j'avais l'impression de me retrouver adossé contre un mur et que peu d'options étaient de nature à m'offrir une sortie honorable. Un tel niveau de stress pouvait être nuisible à n'importe qui alors imaginez pour quelqu'un dans ma situation. Le teint blanchâtre je sentais que les symptômes de ma bradycardie prenait de l'ampleur il me fallait donc prendre une pause et éviter de laisser cette situation m'emmener à agir d'une manière impulsive … du calme c'était tout ce qu'il me fallait.

Ayant décidé de reporter mon rendez-vous avec ce client qui n'était pas sans s'acharner afin que j'accepte ce mandat qu'il comptait me confier je décidai de quitter mon appartement histoire d'aller manger un morceau, c'est d'ailleurs ce qui finit par me conduire au Karen's Cafe. Il y a un bon moment que je n'y avais pas remis les pieds, la dernière fois doit bien remonter à quelques années. Arrivé sur place j'éteignis mon portable, hors de question que je ne me laisse importuner, et je m'installai à une table histoire de patienter le temps que l'on vienne s'occuper de moi.

On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoires alors vu le nombre de bricoles qui m'arrivait ces derniers temps force est d'admettre que le bonheur était loin de s'avérer être mon lot quotidien. Pourtant j'avais tout pour moi … beau garçon, un métier qui m'offrait une carrière des plus florissante mais de toute évidence il semblait y avoir un os quelque part, quelque chose qui faisait en sorte qu'un truc ne tournait pas rond.

Totalement perdu dans mes pensées j'en étais venu à oublier que j'étais dans un lieu public et que, tôt ou tard, quelqu'un risquait de venir m'adresser la parole. Pensant , à la fois, à tout et à rien je me retrouvai absorbé par mes obscures pensées et c'est alors que je fus tiré des profondeurs abyssales de ma réflexion par une voix qui n'était pas sans me sembler familière. Un croissant jambon-fromage et un jus d'orange s'il vous plaît. C'est en ces quelques mots que je répondis à mon interlocutrice et tel ne fut pas me surprise de me retrouver face à Brooke alors que je finis par tourner la tête afin de la regarder. En effet c'est moi, c'est une agréable surprise que de te revoir. La simple présence de Brooke avait été de nature à faire en sorte que mon état d'esprit s'améliore … du coup je ne broyais plus autant de noir.

Une des principales hantises de toute personne revenant s'installer là ou il a grandi est sans contredit de se faire mettre sous les nez les gaffes qu'il pouvait avoir fait lors de son passé et vous pouvez me croire les miennes étaient plus que mémorables. Lorsque je levai les yeux afin de regarder Brooke je sentis que rapidement mes appréhensions n'avaient plus leurs raisons d'être. Je dois même ajouter qu'elle me fit rire par cette façon qu'elle avait eu de lancer la discussion. Moi? Charmeur? Je ne le pense pas. Lui lancais-je tout en lui souriant, il était vrai que je n'étais plus vraiment porté sur la drague et depuis déjà un petit moment. Continuant de la regarder, alors qu'elle s'empressa de préparer ce que je lui avais demandé, je ne pus que me mordiller la lèvre à l'écho de sa question. Je vais bien. En fait c'était un gros mensonge, mais je n'avais pas trop envie d'entrer dans ce genre de détails et puis de toute façon j'étais persuadé qu'elle en avait rien à cirer. Normal je viens de m'installer en ville, tu vas donc m'y revoir plus souvent, aussi bien t'y faire. Je lui tirai la langue, j'aimais bien la taquiner après tout.


Je ne pus qu'éclater de rire lorsqu'elle me fit remarquer que j'avais gagné en muscles. Et toi t'as de bien jolies courbes. Bien entendu le tout était dit à la blague, bien que je ne faisais que souligner l'évidence. Je mène une existence tout ce qu'il y a de plus tranquille, je gagne ma vie en tant qu'avocat et me revoilà à Tree Hill. Bien entendu je m'étais permis de balancer les banalités d'usage, je ne me voyais pas lui raconter en détails ce qui pouvait bien m'avoir incité à revenir … cela ne pourrait que lui bousiller le moral et puis il s'agissait de ma vie, mon fardeau, et je n'avais pas le droit de l'accabler avec ça.

On m'a longtemps accolé cette étiquette de tombeur pourtant j'étais loin d'être d'avis que j'en étais digne, il faut dire que j'ai longtemps manqué de confiance en moi et en mes capacités. Je lui souris tout en continuant de la regarder et puis je repris l'initiative de la parole. Tu sais qu'il ne faut pas toujours se fier à ce que l'on entend? Ma réputation , à tout le moins sur certains points, était plus que surfaite à cette époque. S'il y a toujours eu un trait de caractère servant à me caractériser c'était bien l'humilité. Continuant de discuter avec Brooke, alors qu'elle s'affairait à me servir, je finis par lui expliquer que j'habitais de nouveau Tree Hill et c'est alors qu'elle me demanda ou je m'étais caché pendant tout ce temps. J'ai eu quelques moments à Londres et à Milan mais principalement j'habitais New York. C'était plus fort que moi je n'avais pas su résister à la folle tentation de la taquiner … rien de bien méchant. Si, si , je te l'assure. Je la reconnaissais bien, elle voulait tout savoir sur ce que j'étais devenu. En effet j'en vois de toutes les couloirs avec ce métier. Pour l'instant je réside encore à l'hôtel j'ai pas encore eu le coup de cœur pour une résidence mais je devrais bientôt trouver … j'ai mis une agence sur le coup.

En effet, du moins c'est une question de perception. Je savais qu'elle avait raison, j'étais avant tout victime de mon image, mais c'était plus fort que moi je ne savais pas résister à la folle envie de relativiser les choses. Déformation professionnelle lorsque tu nous tiens. J'ai toujours été de ceux qui étaient d'avis que l'on ne jugeait pas de la valeur d'une personne que sur la base d'une impression , je ne savais que trop bien tout le mal que pouvait occasionner un jugement hâtif et précipité c'est pourquoi je préférais prendre le temps afin d'avoir tout les éléments en main avant de forger ma propre opinion mais je ne pouvais pas en vouloir aux autres ne pas faire montre de la même rigueur. Moi j'étais le connard ringard, l'enfoiré le plus détesté du lycée, un monstre d'autosuffisance et d'arrogance. Faut croire que nos travers nous ont tout de même bien réussi. Je lui souris tout en continuant de lui parler de ce que j'avais fait et des endroits ou j'avais vécu. Qui sait on s'est peut être même croisé sans s'en apercevoir. Bien qu'improbable il s'agissait là d'une possibilité que nous aurions tort de balayer du revers de la main. Continuant de la complimenter je ne pus que sourire lorsqu'elle me dit avoir deux enfants. Pourtant à te regarder on ne le dirait pas. J'aimais la compagnie de Brooke, j'avais l'impression que nous retrouvions notre complicité d'antan. J'en suis persuadé. C'est gentil d'ailleurs c'est un plaisir plus que partagé.

Sur ce point moi et Brooke étions sur la même longueur d'onde, nous étions tout deux d'avis que les mots – du moins par moments – pouvaient s'avérer des armes redoutables. Bien entendu avec le temps nous nous étions forgés une carapace afin de s'immuniser contre le jugement que pouvait porter sur nous certaines personnes mais cela ne signifiait pas pour autant que nous avions oublié à quel point cela pouvait être blessant et déstabilisant d'entendre ce que dame rumeur pouvait raconter à notre sujet.  Il y a longtemps que je n'accorde plus la moindre attention à ce que les gens raconte je préfère me forger ma propre opinion et puis comme tu le dis si bien j'ai longtemps eu à composer avec ces histoires non fondées circulant à mon sujet.  Je n'avais aucunement honte de ce que j'avais fait par le passé, même que si j'avais à tout recommencer je ne changerais absolument rien … je savais que je pouvais avancer la tête haute et que je n'avais aucun squelette dans mon placard … ce qui n'était pas nécessairement le cas de tout le monde.  L'important est de pouvoir avancer la tête haute sans éprouver la moindre crainte de voir un élément de notre passé venir nous hanter.

La discussion bifurquant vers mon exil en territoire New Yorkais la belle Brooke n'hésita pas à me laisser entendre que nous aurions pu nous y croiser si le hasard l'avait permis ce à quoi je ne pus qu’acquiescer. Jouant la carte de la gentillesse je ne pus que lui sourire lorsqu'elle me dit qu'il était gentil de ma part de lui dire que sa grossesse n'avait pas laissé la moindre trace sur sa jolie silhouette.  Mais de rien c'est tout naturel. Je voyais qu'elle était heureuse avec sa famille. Ouais c'est ce qu'on dit … ça pousse vite ces petits bouts. J'étais tout sourire alors que nous continuions de discuter et je dois admettre que je ne m'attendais pas à une telle invitation. D'accord j'en prends bonne note. Je lui souris et prenant un bout de papier je griffonnai mon numéro de portable afin de le lui remettre.

J'appréciais énormément le fait de retrouver Brooke et discuter avec cette dernière, de plus il faut dire que nous semblions sur la même longueur d'onde … du moins si je me fie aux sujets abordés. Ce que nous en avions fait du chemin depuis le temps. Laissant le passé là ou il était désormais, c'est à dire loin derrière, nous finîmes par parler à la fois de tout et de rien pour en venir à nos vies actuelles. Je lui souris lorsqu'elle me parla de ses enfants, avec cette lueur dans le regard, il était évident que le fait d'être mère avait fait d'elle une tout autre femme. Je dois admettre que je les aime bien , après tout les enfants sont l'avenir de notre société … une société qui n'accepte pas d'intégrer les enfants est une société malade. J'éclatai de rire par la suite. Voilà que je me remets à causer comme un avocat. Je lui souris. Ce serait un plaisir plus que partagé. Mon regard s'illumina lorsqu'elle me dit qu'elle m'enverrait son numéro à la fin de son service. J'y compte bien.

Bien de l'eau semblait avoir couler sous les ponts depuis cette lointaine époque au cours de laquelle nous avions été amants, il faut dire que le tout remontait à loin … très loin même, mais nous semblions toujours sur la même longueur d'onde. Il suffisait de nous regarder, et de nous écouter, pour s'en persuader. Je ne pus que lui adresser un sourire se voulant à la fois amical et réconfortant lorsqu'elle me dit qu'elle avait eu énormément de mal à connaître les joies de la maternité. Mais au final tu as su surmonter ces quelques écueils qui se dressaient devant toi. Bien entendu je n'avais pas la moindre idée des difficultés qu'elle avait du affronter mais néanmoins je savais déceler dans sa voix qu'elle avait néanmoins du surmonter de l'adversité et je ne pouvais qu'admirer sa force de caractère.

Cette remarque, donnant que très peu dans la subtilité, relativement à mon discours d'avocat n'avait pas été sans me faire sourire. J'ai toujours été fortiche dans l'art de baratiner … ce talent naturel m'a sauvé les miches à plus d'une reprise au tribunal. Bien entendu le tout se voulait plus qu'ironique mais je ne niais pas mes traits de caractères, je savais ce que j'étais et je l'assumais totalement. J'y compte bien. J'avais vraiment envie de connaître ses enfants et c'est alors que mon téléphone se mit à sonner. Je suis désolé Brooke ça me semble urgent. Du moins c'est ce que je percevais à la vue du nom s’affichant sur mon écran de portable. Il s'agissait de mon médecin traitant, les tests que j'avais subit étant peu concluant, il désirait me voir à son cabinet de Los Angeles en début de semaine. Coupant court à l'appel, je tentais de ne pas trop me laisser perturber, je fermai mon portable et je me tournai de nouveau vers la belle brune. Voilà plus d'appels inopportun.

Voilà pourquoi j'adorais toujours autant Brooke, elle n'avait pas changée, elle avait su demeurer la même et préserver son authenticité. On s'appréciait, on parlait du bon vieux temps, on se taquinait et puis je me retrouvai contraint à prendre un appel dont je me serais volontiers passé. Je n'avais pas envie de retourner en Californie, d'autant plus que j'en revenais tout juste … j'en avais marre de tout ces tests. Je n'allais tout de même pas pleurer, pas dans un lieu public, ça c'était hors de question. Mettant un terme à l'appel je m'excusai auprès de Brooke c'était tout de même la moindre des choses que je lui devais. C'est gentil de te montrer aussi conciliante. Je commençais à ne plus me sentir très bien. Peut être était-ce du au voyage ou bien au stress émanant de ce que je venais d'apprendre. Je vais devoir rentrer, je ne me sens pas très bien. Je lui souris en toute amitié. Tu aurais la gentillesse de m'appeler un taxi? J'aurais pu le faire à partir de mon portable mais bon je n'avais pratiquement plus de pile..